Paris en 1910
Un siècle après les terribles inondations de 1910, Paris vit sous la menace d'une crue centennale car les débordements similaires seraient aussi impressionnants !
On estime désormais abaisser le niveau d'eau de 70 cm environ à paris si une crue d'une telle ampleur revient dans la capitale, 4 lacs réservoirs sont mis en place pour limiter un engorgement de la Seine dans pareil cas :
- Le lac réservoir de la Marne
- Le lac réservoir de l'Aube
- le lac réservoir de la Seine
- Et un autre de Pannecière .
L'équipe des prévionnistes de Météo France guette et est prête à donner l'alerte à la préfecture de Paris . Images radar et pluviomètres à l'appui, le moindre relevé suspect est rapporté au service crue de la Diren qui informe Paris .
Des simulations bâtiment par bâtiment permettent d'identifier les zones vulnérables et de prévoir les protections idoines (surélévation des chaudières, des installations électriques), ou de définir au mieux les dispositifs anticrue d'urgence (pompes, étanchéification, évacuation...) Une modélisation procédurale permet de numériser avec un très grand niveau de détails l'environnement urbain et son évolution (nouvel arbre, maison rasée..) . Avec cette modélisation, ils peuvent représenter le Paris actuel et y insérer virtuellement un niveau d'eau donné . Ils observent alors une simulation bâtiment par bâtiment avec différents seuils critiques et leurs possibles conséquences . L'autre atout de cette modélisation est de sensibiliser les citoyens à une situation de crise que la plupart n'ont pas vécue et avec une représentation en 3D, il est plus facile de se préparer psychologiquement à un tel événement .
A la RATP, 1350 personnes sont prêtes à intervenir à tout moment pour isoler, boucher ou encercler les 477 entrées de métro, bouches d'aération ou trappes d'accès situées en zone inondable afin d'éviter que l'eau ne s'engouffre !
Depuis le VIè siècle, une soixantaine d'inondations catastrophiques se seraient produites à Paris . A partir de 3 m, au niveau du pont d'Austerlitz, lieu de référence des mesures, les voies sur berges sont fermées .A partir de 7 m, certaines rues commencent à être submergées . Pour une crue similaire à celle de 1910, 270000 personnes seraient évacuées, selon le plan Climat de Paris .
JANVIER 1910
Alors qu'il pleut sur Paris depuis des jours, l'eau de la Seine sort de son lit et se déverse dans les rues de la capitale . Le 28, la côte maximale est atteinte : 8,62 m ! L'eau vient baigner les épaules de la statue du célèbre zouave du pont de l'Alma . En quelques heures, l'inondation prend un caractère exceptionnel : Paris n'est plus alimenté en eau potable, l'électricité est coupée, les égouts littéralement noyés, les trains et métros stoppés net . Tant bien que mal, des riverains circulent en barque ou sur des planches installées à la va-vite . Certains, faute de mieux, se résignent à déverser leurs ordures dans la Seine . Au final, la crue touchera 200 000 personnes et paralysera la capitale plusieurs mois d'affilée . Il faudra attendre le 15 mars pour que l'eau de la rivière regagne son lit . Et plusieurs mois encore pour que les dégâts de la crue finissent par s'estomper du quotidien des parisiens .
Canot de sauvetage conduit par un marin en 1910
Entrée du métro Cour de Rome 1910
Déchargement des ordures Viaduc d'Auteuil
Rue Saint Dominique (7ème arrondissement de Paris) 1910
29 janvier 1910, Cour d'honneur du Palais de Bourbon
La Seine est un cours d'eau plat et calme donc peu réactif d'après Pascal Popelin, président des Grands Lacs de Seine et une étude des relevés des débits d'eau de 1910, a permis d'évaluer que l'eau n'était pas montée d'un seul coup . Il s'est écoulé deux à trois jours entre le moment où les précipitations sont tombées en amont et ses effets sur la variation de débit du fleuve à Paris . A l'époque, la Seine est passée d'un débit moyen de 250m3/s à 2500m3/s sous le pont d'Austerlitz, soit dix fois plus !
Actuellement, 4 usines chargées du traitement des eaux de surface ou souterraines sont en cours d'aménagement (pompe, rélévation..) . D'ici à quelques mois, elles devraient garantir un maintien d'eau potable dans Paris pour une telle crue, durant au moins 3 à 4 semaines . Reste les musées et les 250 000 oeuvres stockées dans leurs réserves...le long de la Seine ! Là, l'affaire se complique : la construction d'un futur centre national de conservation et de restauration, à Cergy-Pontoise, vient d'être décidée . Or, son achèvement est prévu seulement en 2013 ! Donc, pour que le patrimoine culturel de la capitale reste au sec, il faut espérer que la prochaine crue patiente encore 3 ans !
Pont d'Austerlitz de nos jours
Source : Science&Vie