Nous parlons en moment beaucoup des aliments susceptibles de contenir de l'OGM et nous ignorons pour l'instant les conséquences sur notre santé ainsi que sur l'environnement . Il est bon de savoir que 60 % des cotons que nous portons sont aussi à base d'OGM .
Comment être certain qu'un aliment ne contient pas d'OGM ?
La question se pose d'autant plus qu'un récent bilan de la Direction générale de la concurence, de la consommation et de la répression des fraudes fait état de 25 % de contrôles positifs parmi les produits alimentaires supposés sans organismes génétiquement modifiés . Preuve qu'en matière de détection, l'efficacité reste un objectif encore à atteindre .
Actuellement, pour vérifier que les matières premières de leurs fournisseurs sont dépourvues d'OGM et que leur chaîne de fabrication échappe à toute contamination, les industriels de l'agroalimentaire font appel à des laboratoires spécialisés . Pour ceux, toute la difficulté consiste à détecter dans un aliment transformé une "trace" non-dénaturée d'un éventuel OGM : soit des séquences d'ADN transgénétique, soit des protéines exprimées à partir de cet ADN . Une tâche ardue, car ces molécules peuvent être éliminées au cours de la transformation de l'aliment . Les protéines, notamment, ne sont pas de bons indicateurs car de nombreux procédés (chauffage, acidification...) les rendent indétectables . On recherche donc plutôt les traces d'OGM dans des produits agricoles bruts (comme le maïs ou le soja) ou ayant subi une transformation "douce", à l'aide de tests immuno-enzymatiques utilisant des anticorps spécifiques auxquels se fixent les protéines exprimées par le transgène .
TRAQUER LES OGM DANS L'ADN
Concrètement, la détection d'ADN transgénique repose sur la technique PCR (Polymerase Chain Reaction), qui permet de détecter la séquence d'ADN recherchée et de la rendre indentifiable et quantifiable . La recherche nécessite des batteries de tests couvrant tout le spectre des OGM connus . Ces tests font appel à deux types d'approches .
La première, le criblage, permet de détecter la présence ou l'absence d'OGM . Si ce test est positif, la seconde approche vise alors à identifier précisément le transgène . A ce stade, la recherche ne peut être spécifique à chaque ingrédient potentiellement génétiquement modifié . "Les tests de détection sont effectués à partir de la liste d'ingrédients fournie par l'industriel, en partant de l'OGM le plus probable jusqu'au moins probable . Plus le produit est complexe, plus la démarche le sera", explique le Dr Andréas Pardigol du laboratoire Eurofins, à Nantes . Si aucun de ces tests ne permet d'identifier l'OGM détecté lors du criblage, la présence d'un OGM n'ayant pas obtenu d'autorisation de mise sur le marché au niveau mondial est alors suspectée . "Néanmoins, personne ne peut garantir la détection d'un OGM totalement inconnu, poursuit le docteur . Il faut donc être très prudent, d'autant qu'une absence totale ne peut jamais être garantie, même pour les OGM autorisés, car les tests ne sont effectués que sur des échantillons du produit . C'est pourquoi on ne parle d'ailleurs que de résultat négatif pour l'échantillon analysé ."
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