Pelagia noctiluca
Les méduses sont très jolies, c'est vrai ; mais quand cessera leur invasion sur nos plages ?
L'avenir nous le dira...La méduse qui fait tant parler d'elle, que ce soit sur la façade atlantique ou en Méditerranée, est la Pelagia noctiluca, connue également sous les noms de méduse pélagique, pélagie ou encore piqueur-mauve, en raison de sa belle couleur .
Dans des travaux publiés en 1998, Jacqueline Goy, spécialiste des méduses au Muséum nationale d'histoire naturelle, et ses collègues ont établi un cycle "d'absence-présence" de la pélagie en analysant des données provenant d'archives de la station zoologique de Villefranche-sur-mer, au cours de 112 années, de 1875 à 1986 . Et il est apparu que les invasions de Pelagia ont lieu tous les douze ans, après trois années d'un printemps chaud et sec, et durent de quatre à six ans . Sauf que cela fait déjà huit ans que la Pelagia noctiluca pas quitté la Méditerranée ! Faut-il voir là un dérèglement de son cycle de fluctuation ? Il est trop tôt pour se prononcer, répond Grabriel Gorsky, biologiste marin à l'Observatoire océanique de Villefranche-sur-mer, dans les Alpes-Maritimes . Il nous fait plus de recul pour savoir s'il s'agit d'une réelle perturbation ou d'un cycle ordinaire qui se prolonge temporarement .
Rare en France jusqu'en 1998 .
Encore rare sur les côtes françaises en 1998, la méduse les a envahies depuis . "Si elles pullulent, c'est parce que le changement climatique et les modifications survenues dans leur environnement sont favorables à leur reproduction",explique Gabriel Gorsky . Concernant le changement climatique, le déficit prolongé de pluviométrie associé à la hausse des températures de l'eau et de l'air, ainsi que des hautes pressions atmosphériques, favorisent la fertilité de ces animaux à sang froid .
Quant aux modifications de l'écosystème des méduses, il s'agit d'abord de la diminution du nombre de poissons, due à la pêche intensive . Résultat : sans compétiteurs pour la nourriture - le zooplancton-, les méduses se retrouvent dans des conditions de prolifératon idéales . De plus, ces animaux profitent de la diminution du nombre de leurs prédateurs . C'est notamment le cas des tortues, et dont la population chute au rythme de la raréfaction progressive d'endroits calmes pour établir leur nid .
Si la pullulation des méduses persiste à plus long terme, les scientifiques avancent l'hypothèse que certaines zones maritimes pourraient être désertées par les poissons au profit de ces animaux, qui ne serait donc pas sans conséquences pour les consommateurs, bien sûr les baigneurs, mais aussi les pêcheurs . Ainsi, en novembre 2007, en Irlande du Nord, un banc de méduses s'était déplacé vers une pisciculture et y avait tué, par ses piqûres, plus de 100 000 saumons !
Science&Vie